Aller au contenu

Page:Gourmont - Promenades littéraires, sér3, 1924.djvu/203

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

bilité pour la nature, n’est qu’un charmant exercice de rhétorique. II y a cependant un Théophile ivre de beautés champêtres et amoureux de son pays natal ; il se révéla beaucoup plus tard, après son procès, quand il écrit à son frère, quand il rêve, après tous ses malheurs, du ciel et des jours de son enfance :

S’il plaît à la bonté des cieux.
Encore une fois en ma vie
Je paîtrai ma dent et mes yeux
Du rouge éclat de la Pavie…
Je verrai sur nos grenadiers
Leurs rouges pommes entr’ouvertes
Où le ciel, comme à ses lauriers,
Garde toujours les feuilles vertes…
Je reverrai fleurir nos prés,
Je leur verrai couper les herbes,
Je verrai quelque temps après
Le paysan couché sur les herbes.
Et comme ce climat divin
Nous est très libéral de vin.
Après avoir rempli la grange
Je verrai du matin au soir
Comme les flots de la vendange
Écumeront dans le pressoir…

Aucun poète contemporain n’est capable d’une chanson aussi familière, et c’est un des charmes de Théophile qu’il ait osé être aussi personnel et aussi doux.

La Maison de Sylvie, qui date de la même épo-