Aller au contenu

Page:Gourmont - Promenades littéraires, sér3, 1924.djvu/204

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

que, est d’une inspiration moins naturelle, mais le talent de Théophile y est très sûr et très maître de lui, La maison de Sylvie, c’est le château de Chantilly, et Syvie, c’est Marie-Félice des Ursins, duchesse de Montmorency. Théophile passa près d’elle les derniers et peut-être les plus doux mois de sa vie. En cet asile magnifique, il devient un homme nouveau ; le temps est loin où il s’écriait : « Mon âme incague les destins ! » Les destins lui sont si cléments, enfin, qu’il les adore. La Maison de Sylvie est bien, comme on l’a dit, une suite d’Odes à la Joie :

Dans ce parc, un vallon secret,
Tout voilé de ramages sombres,
Où le soleil est si discret
Qu’il n’y force jamais les ombres,
Presse d’un cours si diligent
Les flots des deux ruisseaux d’argent
Et donne une fraîcheur si vive,
A tous les objets d’alentour,
Que même les martyrs d’amour,
Y trouvent leur douleur captive.

Ce beau poème est gâté, au goût moderne, par des touches de préciosité. Sylvie pêche à la ligne, et les poissons se battent « à qui plus tôt perdrait la vie, en l’honneur de ses hameçons ». La strophe suivante, encore dans le même ton, est cependant très jolie :