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Page:Gourmont - Promenades littéraires, sér3, 1924.djvu/208

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Voisin ei le lieutenant Le Blanc, contre l’imprudent poète. Théophile fut pris ; le procès dura deux ans, et se termina par un arrêt de bannissement. Mais l’exécution, grâce à de puissantes protections, en fut poursuivie assez mollement et Théophile trouva à Chantilly, puis au château de Selles, en Berry, chez le duc de Béthune, un asile inviolable.

Quelle est sa part dans le Parnasse satirique ? On n’en sait rien, ni s’il y collabora volontairement. En tout cas, le livre sortait du milieu libertin où fréquentait Théophile. Cela n’a d’ailleurs aucune importance ; la plupart des poètes connus du xviie siècle ont fait des vers obscènes ; c’est un passetemps comme un autre, qui n’a pas nui à leur gloire, qui ne doit point nuire non plus à celle de Théophile.

On lui reprocherait plutôt Pyrame et Thisbé, tragédie déclamatoire et peu digne, vraiment, du chantre délicat de Sylvie. Disons pourtant qu’elle contient une jolie scène, quelques vers délicieux et que le rôle de Thisbé est une esquisse assez curieuse.

Théophile a fait lui-même sa psychologie littéraire :

La règle me déplaît, j’écris confusément :
Jamais un bon esprit ne fait rien qu’aisément.