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Page:Gourmont - Promenades littéraires, sér3, 1924.djvu/207

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ou épîtres, qui sont des professions de foi, le mérite d’avoir été un poète philosophique ? Je crois que cela est nécessaire, car Théophile eut peut-être autant d’influence par son incrédulité que par son talent. Sa philosophie, d’ailleurs, est brève et se résume à peu près par ce vers :

J’approuve qu’un chacun suive en tout la nature.

Il ajoute, et sa vie donna à la maxime une valeur déplaisante :

Jamais mon jugement ne trouvera blâmable
Celui-là qui s’attache à ce qu’il trouve aimable.

L’accusation de libertinage dont on chargea Théophile n’aurait pas suffi à émouvoir la justice si les Jésuites, on ne sait trop pourquoi, ne s’étaient acharnés contre lui. Le projet de réquisitoire de Mathieu Molé est un mouvement de partialité stupide. Théophile écrit à sa maîtresse ;

Tout seul dedans ma chambre, où j’ai fait ton église,
Ton image est mon dieu, mes passions, ma foi…

et le procureur lui impute cela à crime d’impiété !

Théophile était connu, ses vers se vendaient. Cela fit que le sieur Estoc, imprimeur, donna sous son nom le Parnasse des Muses satyriques. Le P. Garasse dénonça ce recueil, d’ailleurs peu recommandable, et pendant que l’autorité royale laissait fuir Théophile, il s’acharnait, avec le P.