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Page:Gourmont - Promenades littéraires, sér3, 1924.djvu/215

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garce » ! Tout l’acte d’accusation de Molé est de cette force. C’est un monument honteux de partialité, de bêtise et de mauvaise foi. Et que dire du procès même, avec le défilé de ces témoins auxquels les jésuites Garasse et Voisin ont fait apprendre par cœur leurs dépositions ? C’était si scandaleux que le tribunal hésita, malgré les passions dont il était l’objet. Il ordonna un supplément d’enquête. Théophile, réintégré en prison, put écrire une requête au roi. Louis XIII, fort indolent, avait un certain esprit de justice. Théophile, enfin relaxé, mais non jugé ni acquitté, put aller se reposer à Chantilly, puis en Berry. L’année suivante, il revenait mourir à Paris, épuisé par les rigueurs de sa prison, mais mourir fièrement, en souriant avec ironie aux exhortations du prêtre. Théophile, écrivait ce curé, est mort sans aucun sentiment de religion ni de repentir. Le repentir de quoi, le malheureux ! C’est à ses bourreaux, aux Jésuites et au procureur Molé, qu’il aurait fallu conseiller le repentir.

Les Jésuites n’ont jamais fait profession d’une morale très rigide. Au contraire, il n’est guère de volupté qu’ils n’aient permise, à de certaines conditions. Leur maxime était, au temps de leur splendeur : « Faites ce qu’il vous plaira, mais allez à la messe. » La foi, qui purifie tout, excuse tout.