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Page:Gourmont - Promenades littéraires, sér3, 1924.djvu/221

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de la rive gauche de Rouen dans ces deux strophes :

Que j’aime ce marais paisible !
Il est tout bordé d’aliziers,
D’aulnes, de saules et d’osiers,
A qui le fer n’est point nuisible.
Les Nymphes, y cherchant le frais,
S’y viennent fournir de quenouilles,
De pipeaux, de joncs et de glais ;
Où l’on voit sauler les grenoujlles,
Qui de frayeur s’y vont cacher
Sitôt qu’on veut s’en approcher.

Là cent mille oiseaux aquatiques…

Saint-Amant jette sur le vaste monde un regard pénétrant. Ses tableaux sont exacts et pittoresques De plus, il saisit fort bien le trait dominant d’un paysage, d’un climat et, à ce point de vue, on peut considérer comme des chefs-d’œuvre, ses quatre sonnets des saisons : le Printemps des environs de Paris, l’Été de Rome, l’Automne des Canaries et l’Hiver des Alpes. C’est dans le premier de ces sonnets qu’on trouve ce vers qui j)ourrait très bien être d’Albert Samain ou de Francis Jammes :

L’herbe sourit à l’air d’un air voluptueux

Cette poésie de la nature était fort appréciée des contemporains de Saint-Amant : Nicolas Faret le