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Page:Gourmont - Promenades littéraires, sér3, 1924.djvu/222

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loue « d’imprimer dans l’âme, lorsqu’il décrit, des images plus parfaites que ne le font les objets mêmes ». Il ajoute : « Lorsqu’il veut être sérieux, il semble qu’il n’ait jamais hanté que les philosophes, et quand il veut relâcher son style dans la liberté d’une honnête raillerie, il n’est point d’humeur si stupide qu’il ne réveille, ni si sévère dont il ne dissipe le chagrin et à qui il n’inspire de subtils sentiments de joie. Son esprit paraît sous toutes les formes, et c’est une chose admirable, et qui ne s’est peut-être jamais vue, qu’une même personne ait pu, en un éminent degré, réussir également en deux façons d’écrire qui sont d’une nature si différente et qui semblent être opposées. » Il y a en effet un singulier contraste entre la Solitude et le Melon, entre le Contemplateur et les Cabarets, encore que, dans ces deux morceaux de poésie pittoresque et satirique, on retrouve quelque nostalgie de la nature, quelque désir ou ressouvenir champêtre. Il y a des pièces plus crues et tout en appels à la goinfrerie, tout en soupirs en l’honneur du broc. Là encore, et quoi que pense Faret, je découvre bien de la mélancolie, bien de l’ironie. Qui chanta si fort le los de la vigne ne fut peut-être qu’un médiocre buveur, Saint-Amant, s’il ne fut point pareil à cet énigmatique Chaudière, qui ne but jamais que de l’eau, fit s’entrechoquer plus