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Page:Gourmont - Promenades littéraires, sér3, 1924.djvu/25

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çaise de cette période, qui fut la période naturaliste. On ira chercher des résumés, des jugements ou des traces du reste dans des livres maintenant impopulaires et qui acquerront peu à peu la valeur des cimetières mérovingiens ou des tombes égyptiennes. Quelques livres de M. Brunetière seront parmi ces livres. Les romanciers ne sont-ils pas déjà de cet avis, qui implorent que l’on parle de leurs œuvres ? Ils se rendent compte, ingénument, que, si on n’en parlait pas, ils n’existeraient pas. Là est peut-être le triomphe du critique ; il est fossoyeur, du moins, et il survit, le temps de faire sa besogne, au mort qu’il est chargé d’enterrer. Quelquefois, il est marbrier et il jointoie un petit monument au-dessus de la terre fraîche. Voilà ce qui demeure : le buste survit à la cité, parfois, à la cité des livres.

La besogne du critique est de coordination et, plus encore, d’architecture. Il ne taille pas les pierres, mais il leur donne la place qui convient dans l’ensemble du monument. M. Brunetière, à un moment de sa carrière, avait compris cela assez bien. Il dessina même des plans tout nouveaux, selon lesquels l’architecture littéraire aurait vraiment dû prendre une face toute nouvelle. Ce fut sa grande pensée : seulement, il omit de la réaliser. C’était vers 1890. Les idées de Darwin étaient enfin entrées dans la circulation générale ; Taine, d’au-