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Page:Gourmont - Promenades littéraires, sér3, 1924.djvu/264

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critique de Napoléon Ier. « Si Corneille avait vécu de mon temps, je l’aurais fait prince. » Soit, mais en attendant un Corneille, il faisait entrer Chanipmol et Béguinot dans le temple au fronton duquel il y avait écrit : « Aux grands hommes, la patrie reconnaissante. »

Il faut nettoyer le Panthéon. Mais je suis conciliant. Si l’on ne veut pas faire affront à ces braves gens, dont quelques-uns furent sans doute des coquins, du moins qu’on les mure à jamais dans un coin écarté des caves, et faisons le silence. Ensuite on pourrait aviser à ce que pourrait être le Panthéon, pour être un vrai Panthéon. Ce mot grec veut dire un temple consacré à tous les dieux ; il ne contient nullement l’idée de sépulture. Si nous avons encore besoin de dieux, que les grands hommes soient nos dieux ! Ce n’est pas une idée déraisonnable. On ne respectera jamais trop le génie, l’intelligence et les hautes manifestations de la sensibilité humaine. On n’enseignera jamais trop au peuple que, sans les grands hommes, sans les esprits supérieurs dans tous les genres, la civilisation n’existerait pas. Aucune découverte ne s’est faite toute seule ; à la source de toutes les manifestations de notre activité, il y a un génie qui médite et dont les méditations furent souvent douloureuses. L’idée d’un Panthéon où tous ces génies seraient glorifiés