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Page:Gourmont - Promenades littéraires, sér3, 1924.djvu/266

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et leur Panthéon, l’ancienne abbaye de Westminster, est un cimetière véritable. Sans doute, mais les Anglais s’y sont pris à temps. Il y a plus de cinq siècles qu’ils inhument à Westminster, côte à côte avec leurs rois, leurs hommes illustres. Le plus ancien poète entré à Westminster est Chaucer, mort en l’an 1400. Shakespeare, qui mourut dans l’obscurité, n’entra pas tout d’abord dans la nécropole déjà glorieuse ; mais dès que sa gloire commença à rayonner, on lui éleva là un monument. Ou n’y trouve pas, et cela serait difficile, Shelley, qui mourut en Italie et qui voulut que son corps fût brûlé sur un bûcher, à la manière antique ; je ne crois pas que Byron, mort en Grèce, y ait été ramené : il doit y avoir quelques autres exceptions, mais en général, tous les hommes illustres de l’Angleterre sont à Westminster. Il n’y a qu’à continuer, jusqu’à ce que le mausolée, trop plein, refuse de nouvelles gloires. La situation, en France, est toute différente et nous n’aurons jamais que les murs d’un Panthéon, si nous ne consentons pas à faire du nôtre une galerie de monuments commémoratifs.

L’objection la plus forte, c’est que cela serait très laid. L’aspect intérieur de Westminster, avec toutes ces sculptures, la plupart fort médiocres, est des moins engageants. Il faudrait peut-être, en ce