Aller au contenu

Page:Gourmont - Promenades littéraires, sér3, 1924.djvu/316

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

M. Barboux, qui est octogénaire, ne pense pas sans une secrète terreur. Plein de vertu, comme il sied à son âge respectable, M. Barboux est plein d’ignorance, ce qui n’est pas indispensable, même à un vieillard, même, oserai-je dire, à un académicien. Oui, il n’est pas défendu de concevoir un académicien qui parlerait de l’histoire de l’art sans vanter la réserve de Titien, la pudeur de Rembrandt, la chasteté de Bernin, la frigidité du Corrège, la vertu de Raphaël. Pour M. Barboux, tous les grands artistes modernes eurent le pinceau modeste, le crayon grave ou le ciseau pudique. Ah ! le beau discours ! Et puis il était ponctué par les cris d’irrévérencieux rapins qui jetaient de temps à autre, en manière de preuve, les noms des artistes que je viens de citer. C’était très amusant. Du moins, je le crois, et je crois aussi que cela a dû se passer comme cela, car je n’y étais pas, ce qui me permet d’être plus vrai que la vérité même. J’imite d’ailleurs ces messieurs, lesquels annonçaient un débat sur la pornographie et accouchaient d’un discours sur l’histoire de l’art.

Cependant M. Bérenger, qui sait ce qu’il veut, parla à son tour et demanda des poursuites. Tout le monde en prison. Ceux qui écrivent de vilaines choses ou dessinent des petites femmes, ceux qui détiennent ces productions, ceux qui les lisent ou