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Page:Gourmont - Promenades littéraires, sér3, 1924.djvu/330

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son Amphitheatrum ! Au dix-huitième siècle, le bûcher fut, pour les auteurs, remplacé par la Bastille ; c’était tout de même une amélioration, Mais les livres suspects flambèrent toujours. Les mœurs, cependant, ont bien changé. L’opinion pubhque, dans tous les milieux, se dresse contre le pouvoir. Le Parlement croyait détruire un livre ; il ne détruisait qu’un monceau de papier : le lendemain, le livre renaissait de ces cendres inutiles.

Il n’y eut vraiment qu’un moment où régna, dans toute sa plénitude, la liberlé de la presse, c’est pendant la Révolution. Ce n’est pas seulement la maigre liberté, c’est là plantureuse licence. Aussi, en un temps où beaucoup d’industries périclitent, la librairie est-elle assez prospère. Je ne connais pas de documents précis sur ce sujet et seul peut-être M. Aulard, qui sait tout sur cette période, pourrait-il nous renseigner, mais je crois que la librairie française de l’époque révolutionnaire exporta immensément. Aujourd’hui, dans une situation analogue et grâce à un libéralisme presque aussi vaste, c’est également l’exportation qui soutient la librairie française ; tels sont les fruits de la liberté.

L’Index national renaquit avec le premier Empire, mais la persécution fut surtout politique. Il faut arriver à 1814, à la Restauration, pour voir le commencement d’un régime d’oppression univer-