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Page:Gourmont - Promenades littéraires, sér3, 1924.djvu/336

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quelque corps saint » ; ayant échoué à dérober les reliques de saint Vincent de Saragosse, orgueil et richesse de Cahors, ils songèrent à sainte Foy. Après dix ans de ruse, un moine de Conques réussit dans son entreprise ; chargé de garder les reliques, il les vola et les emporta à Conques, « où elles furent reçues avec allégresse ». Une telle histoire ne se différencie en rien de centaines de récits ; les reliques, tant vénérées pendant tout le moyen âge, attiraient les malades, comme aujourd’hui les sources ; les malades et les pèlerins enrichissaient l’église et le pays qu’ils venaient visiter ; d’où, l’importance matérielle des reliques ; d’où encore, les vols des reliques si fréquents et si curieux. Avec les sources miraculeuses, le sanctuaire est à l’abri de ce genre de déprédation ; d’ailleurs le culte des ossements, sans avoir disparu, est en déclin, hors des pays purement latins, grecs ou slaves. Cette translation hardie eut lieu vers l’an 880 ; l’histoire en a été conservée dans un poèm « Jes premières années du xie siècle et dans une narration en prose que les Bollandistes jugent antérieure à 1060 ; si donc rien n’en certifie l’authenticité, rien ne la contredit absolument, car elle est bien en accord avec les mœurs religieuses de cette époque. Installée à Conques, sainte Foy redoubla de miracles ; sa renommée s’étendit ; de France et de l’Europe entière les pèlerins