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Page:Gourmont - Promenades littéraires, sér3, 1924.djvu/337

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accoururent et le monastère acquit une grande prospérité et beaucoup de richesses : on en a une idée précise par le trésor de Conques, aujourd’hui encore « un des plus riches de France en pièces de premier ordre » ; on y garde la fameuse statue d’or, la « Majesté de sainte Foy », toujours vêtue et diadémée d’émaux, de pierreries, de cabochons, d’intailles, de bijoux de toute sorte et de toute époque, — véritable résumé de l’histoire de l’orfèvrerie. Or, un jeune clerc nommé Bernard, venu d’Angers à Chartres pour jouir des leçons de Fulbert, entendit son maître conter et vanter les extraordinaires miracles de sainte Foy. Il fut troublé et résolut d’aller voir de ses yeux de telles merveilles. Il accomplit son pèlerinage vers 1013, accompagné d’un écolâtre nommé Bernier, et rédigea le premier livre du Liber miraculorum ; un second, puis un troisième voyage (1020) lui fournirent la matière de deux autres livres (fondus depuis en un seul) ; les deux derniers sont de la main d’un moine de Conques qui, un peu plus tard, copiant le travail de Bernard d’Angers, voulut le compléter. Il le déclare loyalement dans un prologue où sa modestie apparaît touchante et un peu singulière : « Nous n’y apposons pas notre nom, par respect pour la sainte. » C’est cet ouvrage, bientôt répandu dans l’Europe entière, que publie M. l’abbé A. Bouillet,