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Page:Gourmont - Promenades littéraires, sér3, 1924.djvu/339

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un bandeau en or, magnifique et orné de pierreries. Elle a des bracelets d’or à ses bras d’or, un escabeau d’or sous ses pieds d’or ; et elle est assise dans une chaire dont l’or disparaît sous les pierres précieuses et dont les colonnes sont surmontées de deux colombes d’or et de gemmes qui en augmentent singulièrement la beauté. C’est à ce propos que je veux vous conter une chose merveilleuse. Bernard, alors allé de Beaulieu et depuis évêque de Cahors, possédait autrefois ces colombes. Sainte Foy vint les lui demander pendant son sommeil. Bernard différa d’obéir ; encore et encore la sainte les demanda et Bernard différait toujours. Enfin, ayant connu l’origine divine de ces avertissements, il prit avec lui un poids d’or égal au poids des colombes d’or et se mit en route pour Conques. Ayant fait pour l’amour de Dieu cette offrande à la sainte, il revint, persuadé d’avoir apaisé son désir, puisqu’il donnait, poids pour poids, la même quantité d’or. Mais il arriva qu’une nuit, pendant qu’il dormait, la vision lui apparut encore, réclamant les colombes, disant que tout l’or du monde ne pouvait remplacer les colombes. Alors il obéit et alla lui-même déposer sur les colonnes de la chaire, ornement mémorable, les deux colombes d’or. »