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Page:Gourmont - Promenades littéraires, sér3, 1924.djvu/341

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huitième jour d’apuril mil quatre cens septante et six. Une autre traduction ancienne (Paris, Anthoyne Verard, 1488) a pour auteur un certain Jean de Vigny. Un autre ouvrage de Voragine a gardé la faveur des théologiens : c’est la partie des Sermones aurei appelée Mariale aureum. Ces louanges de la Vierge Marie, qui ont encore été réimprimées à Toulouse en 1876, sont un commentaire mystique sur les Litanies ; mais Voragine y ajoute des qualifications nouvelles, compare Marie à un amandier, à une abeille, à une poule, à la lune. On y apprend que la future mère de Dieu, vivant recluse dans son oratoire, l’ange Gabriel fut obligé de passer à travers la porte, « ce qui ne lui fut pas difficile, à cause de la subtilité de sa nature ». On y apprend aussi que le ventre de Marie « contenait sept merveilles », à savoir : un feu éternel, une splendeur divine, un trésor de sagesse, une source de miséricorde, une blancheur de neige, une odeur divine, une suave douceur. En somme, comme le résume le bienheureux évêque, ce ventre adorable fut une véritable apotheca carismatum, un réservoir de grâces.

La Légende dorée n’appartient plus à ce genre de mysticisme sensuel, surtout dans les traductions modernes. Brunet dit en signalant l’ancienne traduction dont nous avons donné le titre : « édition