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Page:Gourmont - Promenades littéraires, sér3, 1924.djvu/342

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très rare dans laquelle se trouvent tous les passages singuliers qui font rechercher les premières éditions de cette légende. » Il n’y a aucun passage singulier dans la traduction de M. de Wyzewa. Je ne l’ai pas trouvée supérieure, je ne dis pas aux anciennes, qui demeurent les seules, mais à celles de Gustave Brunet. Soit qu’ils aient suivi des versions un peu différentes, soit que Brunet se soit conformé avec plus de docilité à la marche de la phrase latine, l’avant-dernière traduction avait un charme que je n’ai pas retrouvé dans la dernière. Dans la Legenda comme dans les Sermones, Voragine use et abuse des conjonctions. Ce ne sont que igitur, nam, et, autem, enim. Brunet les rend ; M. de Wyzewa les supprime. Sa version est plus nette, plus moderne. Dans un passage de dix lignes de la Légende de saint Jérôme, Brunet emploie dix fois la particule et : M. de Wyzewa, trois fois seulement. Il écrit donc mieux. J’aimerais peut-être qu’il écrivît moins bien, en tout cas pas mieux que le bienheureux Jacques de Voragine, homme simple, sans mystères de style et d’un talent baroque.

Le travail de M. de Wyzewa est cependant recommandable. Cette critique, un peu sentimentale, peut-être, ne doit pas faire redouter une interprétation erronée du texte. Il s’agit d’une manière de sentir et non d’une manière de comprendre. En un