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Page:Gourmont - Promenades littéraires, sér3, 1924.djvu/370

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son, le Faust de Marlowe n’existe plus : Gœthe, de la première à la dernière lettre, l’effaça, de même que, antérieurs ou postérieurs au sien, tous les autres « Fausts » anglais ou allemands, de Soane, de Klingeman ou de Lenau ; — il les effaça par un « Faust » qui est le Faust, l’œuvre qui rénova l’art idéaliste, restaura la foi en l’idée, remit à leurs places logiques le Monde, qui est l’apparence, et l’Idée, qui est l’être,

…… Quella fede
Ch’è principio alla via di salvazione[1].

C’est Gœthe qui libéra les sept esprits que Pierre d’Apone (croyance italienne du xive siècle) tenait enfermés dans une fiole de cristal ; — et d’un sujet que Marlowe laissa à l’état de légende dialoguée, il façonna le symbole même de cette Église militante dont nous sommes tous, et qui est l’humanité.

  1. Dante, Inf., 11.