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Page:Gourmont - Promenades littéraires, sér3, 1924.djvu/369

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démoniaques. Au neuvième chapitre de son traité De Lamiis, il caractérise le naturel de ceux qui ont des tendances diaboliques : « Ejusmodi sunt melancholici et ob jacturam vel qualemcumque aliam causam tristes ; item Deo diffidentes impii, illicite curiosi,… malitiosi, vix mentis compotes… » Ces traits conviennent assez bien au docteur Faust : il a vraiment l’esprit un peu aliéné, vix mentis compos ; il conclut un réel marché de dupe ; en ses rodomontades avec Méphistophélès, c’est le démon (il nous apparut sous la forme d’un troublant moinillon) qui est le sage ; et quand, après une longue succession de parades, Faust tombe dans les enfers[1], on éprouve plus de pitié que de peur et on plaint le pauvre fol qui n’en eut pas pour son argent.

Le « formidable drame » que Marlowe a certainement entrevu, nous n’en retrouvons pas l’impression. A la dernière scène, c’est un conte qui finit. Comme l’écrivit l’auteur en épilogue :

Terminat hora diem, terminat author opus.

Et c’est tout.

C’est que, hormis en littérature anglaise, texte classique, date et point de départ ou de comparai-

  1. Cet épisode serait bien illustré par le dessin de Martin Schongauer que l’on voit, au Louvre, des diables à ailes de chauves-souris, à mamelles inguinales, à œil au nombril, enlevant un Faust grotesque et récalcitrant.