DE CHATEAUBRIAND
Je ne viens pas mettre en cause la foi ni la bonne foi de Chateaubriand. Sainte-Beuve a raillé sa « religion de musée », mais Sainte-Beuve, qui ne s’en doute pas, a l’esprit tout protestant, il était mal préparé à comprendre le plaisir d’un poète à orner de fleurs la chapelle ruinée des souvenirs d’enfance. Peu nous importe la sincérité intérieure de Chateaubriand ; sa sincérité visible n’est pas discutable. En publiant le Génie du Christianisme, il prenait une attitude dont il n’eut jamais l’air de se lasser. Cela nous suffit. Et pourquoi n’aurait-il pas écrit chez sa tendre amie, Mme de Beaumont, ce fameux chapitre sur la virginité qui faisait tant rire Mme de Staël ? Et pourquoi n’aurait-il pas profité des bonnes fortunes que sa gloire aussitôt lui amena par la main ? Et pourquoi, allant à un magique rendez-vous d’amour, dans les jardins de l’Alhambra, n’aurait-il pas fait le tour par Jérusa-