Aller au contenu

Page:Gourmont - Promenades littéraires, sér3, 1924.djvu/381

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.


CONTES CRITIQUES



LA MORT DE SIGALION


« Il y a deux sortes d’écrivains, disait Sigalion : ceux qui écrivent et ceux qui n’écrivent pas. »

Cet aphorisme, bu par un auditoire attentif à secouer sa chevelure, évoqua un murmure heureux, le bruit de la vague qui se gonfle et se brise ; puis, ce fut le silence des ruisselets qui redescendent sur le sable, de la pensée qui s’en va rejoindre la pensée montante et mourir en elle.

« Il y a deux sortes d’écrivains qui n’écrivent pas, dit encore Sigalion : les impuissants et les dédaigneux. »

Le jeune océan résonna sous une tempête de joie ; les flots, fous d’ironie, sautaient comme des chèvres et crevaient comme des nuages. Les dédaigneux