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Page:Gourmont - Promenades littéraires, sér3, 1924.djvu/408

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qu’on ne se prive jamais d’un plaisir, quand on le rencontre à portée de sa main. A cela, personne n’a jamais trouvé à redire, ni un mari, ni une femme, ni aucun magistrat. Les filles qui se marient vierges sont rares. Elles ne sont guère courues, d’autant que ce ne sont pas les plus jolies, comme vous pensez. Il est vrai que, dans le mariage, on recherche surtout l’accord des caractères, des tempéraments, des fortunes. Le mariage est une chose et l’amour en est une autre. Dans les premiers temps de la République, il y eut un parti qui voulait restreindre la liberté des mœurs. Ils s’appelaient les Chrétiens. Mais ils ne pouvaient produire que des opinions. Les autres n’avaient qu’à ouvrir le Livre pour les confondre. » J’ai retenu ce discours, à cause de son extravagance. Quant au Livre, son nom m’échappe.

— C’est une Bible, sans aucun doute. On trouve ce que l’on veut dans ce recueil de contes populaires.

Don José me regarda avec inquiétude. Je n’osai insister. Satisfait de mon silence, il reprit :

— Je ne sais pas ce qu’il y a dans la Bible. C’est un livre que je n’ai jamais vu. Mais je sais qu’il contient la loi de Dieu. Les Aventurins sont honnêtes, bons, aimables, intelligents ; mais ils ne suivent pas la loi de Dieu.