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Page:Gourmont - Promenades littéraires, sér3, 1924.djvu/407

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l’origine du mot. République Aventurine, il semble qu’on aperçoive dans le lointain, marchant fièrement en tête de sa troupe, la belle femme hardie qui fut la mère et la créatrice d’une race !

— On dirait que vous l’aimez, don José, cette Aventuras !

— Je l’avoue, j’aurais voulu être un de ses hommes. Elle a eu une noble destinée. Ses enfants forment un joli peuple, riche et dispos. Si toute la vallée est cultivée comme les parties qui longent la route, la population doit être assez nombreuse. Mais, d’après ce que j’ai compris, ils ont depuis quelques années une loi qui limite les naissances à la proportion des morts ; chaque ménage qui a plus de deux ou de trois enfants, selon les règlements, est taxé d’un impôt supplémentaire et le père imprévoyant est exclu pendant des années, ou toute sa vie, des emplois publics. Ce n’est pas qu’ils se privent des plaisirs de l’amour. Nulles gens ne sont plus libres sur ce chapitre. Ils connaissent le mariage, mais non pas la fidélité, non plus que la jalousie grossière et brutale. « J’ai eu bien du chagrin, quand ma femme a pris un amant, me disait un officier, mais j’ai trouvé d’autres amours de mon côté, et nous faisons un bon ménage. Je crois que nous changerons encore plus d’un fois, d’ici nos vieux ans, si Dieu le permet. Bien entendu