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Page:Gourmont - Promenades littéraires, sér3, 1924.djvu/42

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4° la subversion du gouvernement populaire au profit des Césars ; 5° enfin, le renversement de l’Empire par les barbares ; si l’on étudie bien ces cinq grands moments, on possédera tous les éléments d’une comparaison qui atteindra à la rigueur d’une science. L’homme, faible dans ses moyens et dans son génie, ne fait que se répéter sans cesse ; il circule dans un cercle dont il tâche en vain de sortir ; les faits même qui ne dépendent pas de lui, et qui semblent tenir au jeu de la fortune, se reproduisent incessamment dans ce qu’ils ont d’essentiel. » Et l’auteur en conclut contre le goût des innovations, persuadé, comme Salomon, qu’il n’y a rien de nouveau sous le soleil[1].

On trouvera beaucoup de vérité dans cette vue, mais à condition de prendre les révolutions comme des sortes de mues périodiques. En soi elles n’ont aucun intérêt ; elles ne contiennent pas leur propre but ; elles travaillent pour une fin plus générale, qui est ia conservation de l’énergie vitale. Quand une forme sociale se trouve incapable de conserver cette énergie, une révolution intervient qui crée une forme nouvelle, mieux adaptée, par sa nouveauté même, par sa jeunesse, à une fonction nécessaire et qui doit être permanente, sous peine, pour la vie humaine de déchéance définitive. Tout n’est que

  1. Essai, p. 18.