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Page:Gourmont - Promenades littéraires, sér3, 1924.djvu/421

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aux dévotions traditionnelles, se laissent prendre souvent aux charmes d’une heureuse nouveauté.

Les miracles, hors ceux de l’évangile, ne sont pas articles de foi, mais quel fils de l’Église oserait cependant rejeter ceux qui font l’orgueil de Lourdes et que tant d’éminents esprits attestèrent ? M. Lecamus croyait aux miracles de Lourdes. Il manifestait la liberté de son esprit en considérant ceux de la Salette avec un certain scepticisme. Il avait étudié les deux histoires et tandis que l’une le laissait froid et inquiet, l’autre enchantait son cœur en même temps qu’elle satisfaisait sa raison, M. Lecamus était un homme d’une piété éclairée

Ancien professeur de physique, il avait conservé le goût de la science et l’usage de ces instruments élémentaires au moyen desquels on dévoile aux enfants les arcanes de la nature et le dogme de la providence. Il voyait dans les lois qui régissent la matière les arrêts d’un Dieu très bon et tout puissant. « Pourquoi, disait-il, n’en suspendrait-il pas les effets, si tel est son bon plaisir ? » M. Lecamus distinguait soigneusement le naturel du surnaturel, tout en avouant qu’il y faut une grande prudence, car la volonté de Dieu est partout et sa puissance éclate aussi bien dans les faits les plus ronimuns que dans les plus rares.

Il connaissait les objections d’une certaine science