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Page:Gourmont - Promenades littéraires, sér3, 1924.djvu/423

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que M. Folantin entrerait quelque jour dans une église et qu’il y trouverait la paix. « Il est fait pour cela, songeait-il. C’est un chrétien sans le savoir. Il possède mêmee déjà la résignation. A quand le pas décisif ? Quand franchira-t-il notre seuil ? » Et voilà que M. Folanlin venait se joindre au pieux troupeau ! Les actions de grâce de M. Lecamus furent vives et sincères. Il éprouva même un peu d’orgueil, car sa théorie s’affirmait de plus en plus : les hommes de talent viennent tous, un jour ou l’autre, s’agenouiller au pied de la croix.

M. Lecamus possédait, enfermés sous clef dans une armoire, la plupart des écrits de M. Huysmans et, avec l’assentiment de son confesseur, il en lisait parfois quelques pages. C’était son péché, mais pardonné avant d’être commis, puisqu’il était avoué d’avance. Cependant, quand il avait pris à cette lecture une trop vive délectation, il ne manquait pas de s’en accuser au tribunal de la pénitence. A dater des Foules de Lourdes, il prit un parti dont l’auteur lui-même lui donnait l’exemple. De même que M. Huysmans reniait, chassées de la couverture de ses livres catholiques, ses premières œuvres, M. Lecamus les expulsa de son cabinet. Sa conscience, de ce jour, fut plus tranquille. Les Foules de Lourdes lui causèrent une satisfaction presque sans mélange. Il y avait bien encore, çà et