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Page:Gourmont - Promenades littéraires, sér3, 1924.djvu/430

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sine. Mais une fois qu’on l’eut calé sur un banc, et comme le bruit se répandait que ce n’était pas un malade, mais un curieux, on le laissa là sans y faire attention. Ils restèrent seuls.

Le mouchoir mouillé coiffait toujours M. Lecamus, des gouttes d’eau sale coulaient dans son cou et le long de ses joues ; sa femme, le soutenant dans ses bras, lui tapotait le dos. Elle n’osait retirer le mouchoir, ni même lever les yeux.

— Que s’est-il passé ? demanda tout à coup M. Lecamus, en revenant à lui.

Et d’une main machinale, il dégageait son crâne :

— Je suis tout mouillé. Que cela sent mauvais !

Ce fut au tour de Mme Lecamus de tomber en faiblesse : la loupe de M. Lecamus avait disparu !

Mais elle se redressa bientôt et, à genoux, elle criait :

— Remercions-la ! Remercions notre bonne mère !

— Je veux bien, dit doucement M. Lecamus. Devant cette tiédeur, elle s’indigna :

— Comment, tu n’as pas plus de reconnaissance ?

Il la regardait, l’air étonné. Alors Mme Lecamus comprit qu’il ne savait pas. Elle murmura en pleurant :

— Eugène, Eugène, tu es guéri !