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Page:Gourmont - Promenades littéraires, sér3, 1924.djvu/50

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tôt et se manifeste par la précision de ses objections contre la vérité religieuse. On citera la plus grande partie de ces courts chapitres. Ils n’ont rien perdu de leur valeur. Les objections des philosophes contre le christianisme sont de quatre sortes : 1° objections philosophiques proprement dites ; 2° objections historiques et critiques ; 3° objections contre le dogme ; 4° objections contre la discipline.

« Objections philosophiques. La création est absurde. Quelle volonté peut tirer une parcelle de matière du néant ? Toutes les raisons imaginables ne renverseront jamais cet axiome commun : Rien ne se fait de rien. Mais les Écritures même ne l’admettent pas, le néant ; et l’Esprit de Dieu reposait sur les eaux. Voilà donc la matière coexistante avec l’esprit ; voilà donc un chaos.

« Dieu, dites-vous, a été l’architecte ? Ce n’est plus le système chrétien. Mais voyons si cela même peut être admis.

« Si Dieu a arrangé la matière, c’est un être impuissant et borné. Le chaos était la première forme, et de nécessité la meilleure, puisqu’elle est la forme naturelle, puisque les vices, les souffrances, les chagrins y dorment passifs. Qu’a fait Dieu ? Il a tout séparé, tout divorcé et en classant les maux il n’a fait qu’un monde vulnérable en