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Page:Gourmont - Promenades littéraires, sér3, 1924.djvu/84

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ple rococo, où il fait vis-à-vis à M. Sarcey, quoique modestement. Je crois que M. Fouquier n’est pas estimé comme il le mérite. Peut-être ne l’a-t-on jamais lu, j’entends lu d’un peu près, avec le souci de jouir de la profondeur de sa pensée et de la nouveauté de son style. Les cent lignes, dans lesquelles il dénonce — c’est sa manie, à lui — le « délire » de Stéphane Mallarmé, m’ont semblé tellement caractéristiques que les voici. Il est bon que les étrangers qui aiment la littérature française sachent combien nous avons à lutter pour faire entrer une idée juste ou un nom nouveau dans les cerveaux fiévreux de nos compatriotes. Dès que le coin d’acier a été retiré du crâne, la blessure se referme ; mais nous ne nous découragerons pas, nous cognerons jusqu’à ce que les têtes soient en marmelade. Dix fois on a expliqué aux critiques célèbres les causes, toutes psychologiques et si curieuses, de l’obscurité syntaxique, parfois très réelle, de M. Mallarmé ; dix fois on a coupé les roseaux autour de la statue, et nul n’a voulu s’approcher pour écouter les confidences du dieu. Pourtant, ils se seraient épargné d’accomplir eux-mêmes la prophétie et de réaliser un jour, en leur âme,

Les noirs vols du blasphème épars dans le futur.