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Page:Gourmont - Promenades littéraires, sér3, 1924.djvu/91

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LOUISE COLET


Il y en a beaucoup aujourd’hui, mais peut-être pas, en proportion des hommes, davantage que jadis. Les femmes de lettres sont au premier rang, au dix-septième siècle, avec madame de La Fayette, qui faisait de petits romans délicats, et avec mademoiselle de Scudéry, qui en faisait de très gros, avec madame de Villedieu, dont la troupe de Molière joua les tragédies et qui ajoutait à ses romans le piquant de la galanterie, avec madame de Sévigné, journaliste intime, avec madame Deshoulières, que Corneille admirait, avec madame Dacier, qui fit notre plus agréable et peut-être plus véridique traduction d’Homère, avec madame d’Aulnoy, sœur de Perrault, avec bien d’autres, moins illustres. Au seizième siècle, c’était la reine Marguerite qui se mêla au monde littéraire en devenant la maîtresse de Clément Marot et en écrivant ses amusantes nouvelles. Plus haut, c’était Christine de Pisan, dont l’inépuisable diversité agréait aux dames du quinzième siècle, fort adonnées aux lectures morales non