Aller au contenu

Page:Gourmont - Promenades littéraires, sér3, 1924.djvu/92

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

moins qu’aux poésies amoureuses. Plus haut encore c’est Marie de France, qui fit des vers encore charmants, et dont on ne sait rien, sinon qu’elle naquit à Compiègne et vécut en Angleterre, au treizième siècle. Ce n’est pas d’aujourd’hui, on le voit, que les femmes de chez nous écrivent, en prose ou en vers. En revenant à notre point de départ et en descendant vers les années contemporaines, nous verrions leur nombre s’accroître, en même temps que leur influence, à de certains moments. Le dix-huitième siècle est plein de la gloire d’Emilie du Châtelet et du bruit de ses amours avec Voltaire. C’est une des plus solides têtes de femme de toute notre littérature, et qui ne le cède qu’à madame de Staël. Elle rayonne parmi les Staal de Launay, les Tencin, les du Deffand, les Lespinasse et tant de bonnes têtes philosophes. Au dix-neuvième siècle, elles commencent à être si nombreuses et d’un talent si uniforme que le choix devient difficile. Laissons les romancières. Voici celles qui furent avant tout des poètes ou des poétesses : voici la plaintive Desbordes-Valmore et la hargneuse Louise Colet ; voici Amable Tastu et Anaïs Ségalas, Mélanie Blanchecotte et Louise Ackermann, Louisa Sieffert et Hermance Lesguilîon, qui eurent toutes leurs heures de sourire et de notoriété. Nos contemporaines sont bien plus nombreuses encore, parce que l’on est