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Page:Gourmont - Promenades littéraires, sér4, 1927.djvu/90

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De cette première rédaction du Mercure, un seul écrivain était connu, presque célèbre, surtout célébré, Rachilde, l’auteur de Monsieur Vénus, roman dont Maurice Barrès venait précisément de louer, avec toute sa précoce gravité, la morale mystérieuse. Bientôt cependant, à mesure que les fascicules du Mercure augmentaient de poids, sa physionomie se modifiait. Lentement, mais sûrement, le symbolisme s’y glissait. Vers 1895, après cinq ans, au milieu de cinquante autres revues ou gazettes, écloses à ce soleil, maintenant un peu refroidi, le Mercure est la concentration sinon la synthèse de la littérature nouvelle. C’est là qu’on la cherche, avec un peu d’hésitation, et c’est là qu’on la trouve. Non pas uniquement d’ailleurs, car la Plume, l’Ermitage, la Revue Blanche subsistent à côté de lui, avec leur clientèle particulière d’amateurs, leur esprit et leurs tendances.

L’année suivante, avec la publication d’Aphrodite de Pierre Louys, le Mercure prenait un essor définitif. À cette date, 1896, on peut clore le premier et le plus valable chapitre de son histoire. La petite revue de trente-deux pages, fondée avec deux cents francs, est devenue la maison d’édition qui va bientôt entreprendre la traduction des Œuvres complètes de Nietzsche, qui influèrent tant sur la pensée française, et mener à bien, en une quinzaine d’années, l’édition de sept ou huit