Page:Gourmont - Promenades littéraires, sér4, 1927.djvu/96

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ne l’a cru tout d’abord, mais qui mérite de retenir un instant l’attention, ne fut-ce que pour l’importance que les féministes leur ont donnée. Il a semblé, au premier abord, que les femmes avaient conquis la littérature, prenant la place des hommes, et un journal ouvrit une consultation pour apprendre du public quelles seraient, le cas échéant, les trois académiciennes (on se bornait à ce chiffre, provisoirement) qui auraient sa faveur. Pendant près d’un mois, Paris et les provinces furent sollicités de proférer leur avis et ils le donnèrent et il y eut trois élues. Je ne me souviens pas de leurs noms, mais il est certain qu’elles bénéficiaient autant des trois œuvres que j’ai dites que de leurs œuvres personnelles. Dès aujourd’hui, la consultation soulèverait moins d’enthousiasme, les pavois seraient dressés moins haut et sur moins d’épaules. On a trop parlé de littérature féminine. Une réaction commence à se dessiner, parmi les femmes elles-mêmes. Ces mouvements d’opinion n’ont aucune influence sur mon jugement et telle m’apparut d’abord Marie-Claire, telle elle m’apparaît encore aujourd’hui, qu’on a cessé de s’en occuper. Quand on connaît un peu l’histoire littéraire de la France, on garde plus aisément sa clairvoyance.

Quand les femmes se mirent à écrire régulièrement et à se mêler avec une certaine activité au mouvement des beaux esprits, c’est sans l’étonne-