cela signifie-t-il que la vravelette[1] fut la maîtresse de Guillaume de Machaut ? Je ne crois pas qu’il puisse y avoir de doute. Il semble d’ailleurs que cette fille singulière obéisse moins aux circonstances qu’à un dessein prémédité. On dirait qu’avant même de le connaître elle a décidé d’appartenir au plus grand poète de son temps, afin d’en être chantée et emportée dans sa gloire à travers les siècles. Nous n’assistons pas à une amourette, à un caprice que rien dans Machaut n’eût justifié, ni même encouragé. Cette Peronnelle est une volonté. Elle construit une œuvre en même temps qu’une aventure.
Peronne apparaît donc dans le véridique roman dont elle fut l’héroïne, et l’auteur du Voir-dit, le mémorialiste, telle que le personnage qui conduit les événements. Cela est commun, quoique pas à ce point, mais les hommes ne s’en aperçoivent pas car la vanité leur emplit les yeux. Les femmes, en amour, n’en ont aucune. Elles poursuivent un dessein, mais assez rarement avec l’habileté qui se voit dans cette histoire. Il faut dire que Guillaume n’a pas non plus l’ordinaire jactance masculine ; il
- ↑ Demoiselle, puellula. Diminutif du mot allemand frælein.