redites émouvantes. Nul changement dans la situation amoureuse. C’est le point mort du roman, c’est-à-dire son point le plus haut, son moment d’immobilité, entre ciel et terre, l’instant où les amants sont comme suspendus dans l’espace, dans un beau nuage qui est pour eux le monde.
Mais voici l’heure fatale. Il y eut des rendez-vous manqués, des malentendus, des justifications, une réconciliation, puis le silence. Pourtant Guillaume aima son amie jusqu’à la mort et rien ne prouve que Peronne ne conserva pas de lui un très tendre souvenir. Sa dernière lettre, celle qui clôt le roman, est très loin d’ailleurs d’indiquer la fin de leurs relations. Elle semble bien l’aimer toujours ; elle lui recommande la prudence. On devine que sa conduite a été soupçonnée sinon découverte par sa famille, ou qu’il est question pour elle d’un mariage, d’un sérieux et féodal mariage, mais elle ne parle pas moins de certaines corrections au Voir-dit dont elle désirerait entretenir Guillaume de vive voix. Le poème parut bientôt, et Peronne, cachée sous d’obscurs anagrammes, ayant joui de l’amour qu’elle avait voulu, put jouir aussi de la renommée que lui fit la poésie de Machaut. Son nom demeurera-t-il si mystérieux ? En 1377, à la mort de Guillaume, Eustache Deschamps adressa une ballade à celle qui avait été la dame de son maître :