que ce dédaigneux avait, sur la fin de sa vie, chargé de ses intérêts littéraires ? Je n’en sais rien, mais j’espère que Journal, mémoires et papiers seront enfin publiés intégralement et qu’on ne voudra pas accumuler plus longtemps les ombres sur cette figure dont le naturel sera toujours d’absorber plus de lumière qu’elle n’en renvoie. Il est à craindre que Vigny, si on ne va pas jusqu’au bout de l’indiscrétion, ce qui chagrinerait bien des gens, ne demeure toujours inconnu ou connu seulement dans la mesure où il voulut l’être, ce qui est peu pour nos curiosités. Je fais allusion à la correspondance avec Marie Dorval ; à d’autres lettres. Des mémoires peuvent être volontaires ; une correspondance ne l’est qu’à certains jours, si l’homme a véritablement vécu une vie humaine. Malgré la grandeur de Vigny, malgré son souci de rendre toujours plus rigides les plis de son attitude, quelques-uns peut-être ont échappé à ses doigts, par où on pourrait se glisser dans son intimité. Une attitude ! Vigny est autre chose que cela sans doute, mais je lui en veux un peu d’avoir réussi à me faire croire qu’il n’était que cela. Ah ! comme il fait comprendre l’agacement que causait aux Athéniens Aristide le Juste et la joie d’écrire un nom sur une coquille ! Prenons-le, cependant, tel qu’il se présente encore.
Il a toutes les vertus, si le juste orgueil en est une. Inutile de les énumérer. Il n’en manque pas