ALFRED DE VIGNY
Au cours de l’année prochaine, il sera abondamment parlé de Vigny dans les journaux et dans les revues. Le 17 septembre 1918 sera le cinquantième anniversaire de sa mort et les œuvres du poète de pierre entreront dans le domaine public, qui n’en profitera guère, car il est douteux que sa popularité puisse beaucoup s’étendre. Je l’appelle poète de pierre, pour une certaine fragilité que je vois dans son œuvre, qui n’a ni la solidité du granit, ni l’éclat vivant du marbre. Mais la pierre, dans laquelle M. Rodin aime à travailler, est durable aussi. C’est la matière de nos cathédrales, depuis l’Anjou, du moins, jusqu’au delà de Paris : Vigny, homme sans religion, s’y est taillé un beau manteau philosophique, bien rigide, bien sculptural et bien énigmatique. On dit qu’il a laissé des Mémoires. Est-ce autre chose que le Journal d’un poète, si maladroitement mutilé par l’honnête Ratisbonne