de nobles plis, se roule sans vergogne dans sa douleur, où elle crie et où elle se démène sans nulle beauté.
Quand on parle d’attitude à propos de Vigniy, il faut entendre l’attitude naturelle, attitude de caractère et non attilude de théâtre, quoiqu’il fasse penser au théâtre et à ces acteurs (ils sont tous ainsi) qui ne peuvent vous dire bonjour que d’une certaine voix pleine d’intentions. Les plus naturels sont naturels artificiellement, et cela vient peut-être de l’habitude qu’ils ont de prononcer toutes les syllabes et de varier leurs intonations. Vigny est un écrivain qui prononce intérieurement toutes les syllabes. Il est naturel pour lui-même et, quand il parle, on a peine à le croire. Sa sincérité est d’ailleurs limitée. Il pense ce qu’il dit, mais il ne dit pas tout ce qu’il pense ; il est trop discipliné pour cela ; mais la discipline jette un froid singulier sur les confidences de l’esprit. Malgré tout mon désir, je vois bien que je ne puis fraterniser avec un homme si lointain et j’en ai comme un remords : je me demande aussi quelle idée va avoir de moi l’élite intellectuelle qui communie avec le poète des Destinées. Je me rassure un peu en me disant que je ne suis point appelé, tel un docte professeur de belles-lettres, à dire ce qu’il faut penser d’une œuvre ou d’un homme, mais ce que j’en pense, au moment même où j’écris. Je ne profère pas de