Aller au contenu

Page:Gourmont - Promenades littéraires, sér5, 1923.djvu/77

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

jugements, je note les impressions de mes lectures successives, corroborées ou contredites par la plus récente, et je ne me soucie que de les commuuiquer de mon mieux telles que je les ressens. Pour en trouver d’autres, j’ai pris le récent livre de M. Baldensperger[1], mais je ne puis rien en faire, quoique j’en sente la logique ; elles ne m’appartiennent pas, je ne puis rien tirer que des œuvres mêmes. Je n’ai contre elles, dois-je dire, aucun grief ; je les admire presque toutes, car je ne suis pas incapable de certaines dissociations, et quelques-unes excessivement, comme Quitte pour la peur qu’on ne joue jamais et qui donnerait peut-être aux hommes une trop forte leçon de tolérance morale. Stello et son Robespierre à lunettes vertes, et qui boit une tasse de camomille avant de prendre une de ses tragiques décisions, m’a laissé une impression forte. J’y ai même vu, peut-être à tort, le prototype du Bonhomet, de Villiers de l’Isle-Adam, du Tribulat Bonhomet humanitaire, cruel et prudhomesque. Mais les deux livres diffèrent d’ailleurs tellement qu’il ne faut pas insister. Je goûte enfin beaucoup de ses poésies (j’y reviendrai) et j’ai toujours été requis par le morceau de Journal que nous connaissons. J’ai un faible pour cette littérature intime et familière, même quand, comme

  1. F. Baldensperger : Alfred de Vigny, coutribution à sa biographie intellectuelle, 1912.