Page:Gourmont - Sixtine, 1923.djvu/132

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

et magiquement évaporé en d’effervescents parfums.

Entragues, tout lus et ravagé, oui, lui semblait beau : blond de cheveux, avec une plus fine cendrure aux tempes, la barbe brunissante aux joues, terminée en deux longues pointes comme en de vieux portraits vénitiens ; le front haut, la peau très pâle avec, dans l’animation, de la roseur, le nez sans courbures, la bouche lourde, les cils et les sourcils presque noirs surlignant des yeux dorés comme tels yeux félins, mais doux. D’une ordinaire taille et de muscles raisonnables, il portait la tête droite, semblant regarder d’invisibles féeries, le regard divergent et fixe, comme l’Inconscience.

Valentine surtout guettait les lèvres, il s’en aperçut et les donna non sans mordre les piments mûrs qui offraient leurs sincères rougeurs. Elle n’était ni teinte, ni peinte et des pieds à la tête d’une vérifiable véracité : elle le prouva en commençant à se dénuder. D’ailleurs, elle si froide en ses communes rencontres, n’y tenait plus et sa connaissance de l’homme lui suggérait que la vue de sa belle peau de brune, ferme et chagrinée, inciterait le toucher et le toucher, le reste. C’était à supposer, car si d’aucuns aiment à conquérir le terrain pied à pied sur les cordons et les agrafes, celui-ci (c’était faux) paraissait doué du calme qui attend l’occasion et ne se soucie point des commencements. Quant aux délicatesses, elle en avait perdu l’usage et cette phase d’amour ne lui fit pas retrouver les trésors perdus.

Nue, elle se dressa, se faisant voir avec orgueil : sa dignité était là, dans la solidité des lignes, la fermeté