Page:Gourmont - Sixtine, 1923.djvu/140

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Dans la chambre, autre fleur, une femme très pâle,
Les mains lasses, la tête appuyée aux coussins :
Elle s’abandonnait : un insensible râle
Soulevait tristement la langueur de ses seins.

Mais ses cheveux tombant en innombrables boucles
Ondulaient sinueux comme un large flot noir
Et ses grands yeux brillaient du feu des escarboucles
Comme un double fanal dans la brume du soir.

Les cheveux m’envoyaient des odeurs énervantes,
Pareilles à l’éther qu’aspiré un patient,
Je perdais peu à peu de mes forces vivantes
Et les yeux transperçaient mon cœur inconscient.

L’après-midi vaincue, une très calme nuit conquise, il se trouva très étonné d’une prompte renaissance, capable de travail. Trois jours après, il avait achevé « Plumes de Paon » et « Le 28 Décembre » : ces pages, il les relisait, non sans souffrir en sa plus intime pudeur, car bien que la conception de cette dernière étude fût bien antérieure à la mauvaise nuit, il n’avait pu, tellement les situations se présentaient identiques, remplir son idée ancienne qu’en puisant dans sa récente aventure.

Il lui était si souvent arrivé d’intervenir par le rêve dans la série active et d’en briser le déterminisme, qu’un tel résultat, certes, ne lui donnait plus d’enfantins étonnements, mais cette fois il y avait une subordination vraiment merveilleuse du fait à l’idée. Le thème était celui-ci : Infidèle à une Morte aimée, À désire une autre femme qui cède et va se donner à lui ; mais, au moment de l’accomplissement, la Morte aimée lui apparaît, en telles conditions à élucider, et l’ancien amour est vainqueur du nouveau. Ce schéma,