Page:Gourmont - Sixtine, 1923.djvu/141

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avec quelques modifications linéaires aurait pu caractériser symboliquement les événements inattendus de sa nuit chez Valentine. Le pressentiment, la coïncidence, n’expliquaient pas une telle rencontre et d’ailleurs, une telle rencontre était la centième qu’il observait. Donc, la conception d’un fait possible avait motivé l’éclosion, dans sa vie, de ce fait, corrigé par l’intervention d’une volonté extérieure, adapté aux conditions vitales de temps et d’espace, mais reconnaissable en ses éléments constitutifs et primordiaux. Il y avait de quoi réfléchir : c’était tout un coin de la psychique ignoré encore, tout un ordre de phénomènes aussi curieux que par exemple la suggestion si gâchée par les hypnotiseurs officiels, dénués d’esprit philosophique. Cela pouvait même se classer au chapitre des suggestions ; mais, si en des faits de ce genre, on connaissait le suggéreur, le suggéré se dérobait. Ce n’était plus une volonté régentée obscurément ou même inconsciemment par une autre volonté ; il y avait bien, au point de départ, une volonté cherchant à déterminer l’accomplissement tout idéal et tout subjectif d’un fait, mais comment cette volonté agissait-elle sur l’ordre immuable des choses ? Puisque le suggéreur se retrouvait, à l’état de suggéré, dans le second terme, n’était-ce qu’un fait d’auto-suggestion ? Il fallait encore expliquer comment le suggéré entraînait, dans son orbe, des volontés et des faits extérieurs à lui-même et comment, en subissant un ordre dicté par son activité mentale il le faisait subir atout son entourage de choses et d’êtres. L’idéalisme lui dévoila