Page:Gourmont - Sixtine, 1923.djvu/183

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méchanceté, vous n’en avez pas le droit, mon ami.

Il avait mis un genou en terre devant elle et tenait sa main dans ses mains, sans la serrer, avec précaution, comme une fragile et précieuse porcelaine.

— Me voilà, songea-t-il, en l’attitude de Sidoine devant Coquerette, je n’ai plus qu’à porter à mes lèvres ces jointures et ces ongles chers pour que la ressemblance soit complète, autant que l’admet les différentes natures des deux femmes. Coquerette, capricieuse et rieuse enfant, peut éprouver un soudain mais momentané revirement de nature. Sa passion très sincère pour Sidoine durera peut-être tant que Sidoine n’y répondra pas, peut-être quelques lendemains. Comme Sidoine ne recherche en cette jolie petite femme qu’une distrayante amourette, il est bien capable de céder le soir même, malgré l’ébranlement de ses nerfs, quand cela ne serait que par respect humain. En ce cas, très vraisemblable, la passion de Coquerette ne fera pas, comme on dit, long feu : l’attisée flambera et deviendra vite un petit monceau de cendres. Mais, comme c’est singulier ! au moment même du coup de foudre, et tout le temps de la durée de ces surprenants effets électriques, Coquerette est femme à donner à Sidoine, s’il la méprisait bien visiblement, une assez grande et réel le preuve d’amour : se jeter par la fenêtre, si nul revolver ne tombe sous sa main. Je pourrai rédiger cette suite, ou telle autre, car il y a en toutes histoires d’amour deux ou trois dénouements également logiques… Où en étais-je ? Sixtine est bien différente de Coquerette…