Page:Gourmont - Sixtine, 1923.djvu/229

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de la Madeleine, un récit dramatisé par un peu d’imprévu des luttes de l’Esprit contre la chair. Tout revenait là.

Proie d’une dévorante excitation intellectuelle, Hubert marchait vite, sans but que de se livrer par de naturels dénouements du monde agité qui remuait en lui, assaillait comme des grappes d’assiégeants, la forteresse de sa logique.

Enfin, comme il longeait la rue des Tuileries, près de la baraque en bois et zinc où à de certaines dates des gens exposent de la peinture ; à d’autres, des jeunes filles, leurs capacités institutrices ; près de cette baraque bigorne, l’armée enchantée s’évanouit, rentra dans les limbes.

La baraque était close et la rue déserte, mais Entragues voyait la porte s’ouvrir et la chaussée jusqu’au jardin s’emplir de petites pédagogues, avec des mamans pendues à leurs cottes, orgueilleusement, et des cartons noirs sous le bras, et le teint fané, la poitrine ravalée par la constante courbure du sternum, de laides robes sans même la coquetterie du chiffon de couleur de la mendiante, des taches d’encre aux doigts, les manches lustrées au frottis sur les tables de bois, et dans les yeux, à l’âge de l’amourette avec « l’ami de mon frère » ou « le frère de mon amie », à l’âge du rêve aux étoiles, des préoccupations orthographiques !

Entre deux qui avaient des lunettes, cependant, il distingua une future femme. Elle sortait, l’air éveillé et décidé, dressant une taille rebelle aux déformations obligatoires, brune, vêtue d’un noir seyant.