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Page:Gourmont - Sixtine, 1923.djvu/244

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— Pardon, la nuance était capucine claire et la forme bretonne. Vous aviez l’air d’une sévère châtelaine de jadis comprimant dans un rigide corselet des seins matés par la pénitence.

— Oui, mais vous avez agi comme si j’étais incorporelle et vêtue seulement des charmes de mes vertus. Je vous préviens, Monsieur, qu’en telle autre occasion de sortir avec vous (occasions bien improbables ! ) je revêtirai le plus strict noir de la plus stricte robe de laine.

Elle continua après avoir remué distraitement les charbons du foyer :

— C’est bien fini la joie des jolies robes. Je voudrais un uniforme costume ainsi que les religieuses, pas trop messeyant, afin de ne pas ennuyer mon œil dans les glaces.

— Le noir, d’il Hubert, conviendrait, mais pourquoi ce renoncement ?

— Pour que la gaîté extérieure ne fasse pas un contraste menteur avec la nuit de mon âme… Je n’aurais pas dû vous recevoir ce soir, je suis triste à mourir.

— Vous me l’aviez promis.

— Ce n’est pas une raison. On m’a fait, à moi, de plus importantes promesses et on ne les a pas tenues. Je n’ai pas de rancune, seulement du regret.

— Laissez-moi vous aimer ?

— Et à quel propos ? demanda Sixtine, en s’érigeant droite et comme stupéfaite dans son fauteuil.

— Cela vous consolera peut-être.

— Oh ! faites, mon cher ce qu’il vous plaira, je