Page:Gourmont - Sixtine, 1923.djvu/245

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suis patiente et passive, mais, je vous en préviens, vous vous y prenez mal.

— Vous êtes, reprit doucement Hubert, si décourageante ! Ainsi, hier soir, vous auriez pu me laisser entrer avec vous…

— Vous l’ai-je défendu ?

— Vous me l’avez refusé. »

Elle haussa les épaules.

— Vous ai-je défendu de retenir la porte quand je l’ai poussée ? Vous ai-je défendu de sonner pour votre compte si le premier stratagème n’avait pas réussi ? Vous ai-je défendu de vous hâter après moi pendant que, lentement, je montais les marches ?… Hier, il fallait entrer, et aujourd’hui il faut sortir… parce que, ajouta-t-elle vite, je suis malade et disposée à me mettre au lit. Ce n’est pas un spectacle idéaliste, je ne vous y convie pas. Votre pudeur en souffrirait et peut-être la mienne. À bientôt, revenez, ne manquez pas de revenir. »

Sans répondre à de telles impertinences, Hubert se leva et violemment l’emprisonna dans ses deux bras. Elle ferma les yeux, il les baisa ; il baisa la bouche : Sixtine, d’un brusque sursaut, se dressa à moitié, puis ils retombèrent enlacés sur les coussins. Là, profitant de ce qu’un des bras lâchait son étreinte pour descendre le long du corps vers le bas de la robe, elle se dégagea entièrement (c’est le moment où il faut de la complicité), et debout, les bras croisés, elle regardait ironiquement Hubert encore à genoux.

Cette fois ce fut elle qui marcha vers lui.