Page:Gourmont - Sixtine, 1923.djvu/265

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aura été démontrée. L’identité du caractère s’affirmera par ses contracditions mêmes et quelque chose de hégélien relèvera la morne simplicité des ordinaires créatures drapées dans la rigidité d’un style matériel. Le roman des cœurs, le roman des âmes, le roman des corps, le roman de toutes les sensibilités— après cela il fallait le roman des esprits. Le mot âme, tel que je l’entends, représente de la quintessence de cœur ; l’esprit, c’est-à-dire l’intelligence pure aux prises avec les inconvénients charnels, fut dédaigné, sans doute comme inintéressant. Toujours, et rien que cela, des conjonctions de sexes et la joie— oh ! soit ! bien naturelle ! — « de coucher avec la femme qu’on aime », mais enfin il y a de modernes Antoines qui se sont proposé d’autres finalités et qui ont réduit tous les devoirs à un seul devoir : conformer sa vie à son rêve. Des passants que vous bousculez s’en vont songeant à l’idéalité universelle aussi sérieusement que vous aux surprises des corsets perfectionnés ; — et tel de ceux-là, si la bête demande de l’avoine, répondra : Le cheval blanc de la Mort n’en mangeait pas. Et croyez-vous que si d’humiliantes forces courbent devant une femme leurs genoux réfractaires, ils n’auront pas très souvent recours à la consolation de l’ironie intérieure ? Enfin, j’affirme la vie cérébrale, — et tout le reste fut rédigé dans les manuels de physiologie.

L’ironie n’est qu’une protestation momentanée, une destruction mentale et une garantie sur l’excès de la satisfaction sensuelle, ce n’est pas un mode assuré de libération. De cette étape, on s’élève graduellement à