Page:Gourmont - Sixtine, 1923.djvu/291

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il faut y mettre de la bonne volonté, il faut être complice, et c’est une grâce que n’obtiendra jamais de moi aucune créature. »

Tout bonnement, il songeait :

« Du moins cela fut bref et en trois mois, on en vit le commencement, le milieu et la fin. Il y a en cette trilogie de zodiaques des jours à revivre. Ainsi, cette première rencontre que, traîtresse, elle me rappelait elle-même, hier soir. Des sensations résiduelles vibrent encore dans mes nerfs et voilà que j’entends « le vent passer, remuant les feuilles sèches » . Puissent-t-elles sonner aussi en tes oreilles, Sixtine, et le bruit de leur poursuite, assombrir, comme des claquements de crotales, le « paysage choisi » où s’émeut ton âme captive ! Tu demandais à être volé, trésor : eh ! bien, te voilà prisonnier de la chair, adore ta prison, tes chaînes et ton geôlier.

Ce voyage me fut l’occasion d’un retour sur ma jeunesse : ces revies sont des anthologies, mais s’il fallait relire le livre entier, lettre à lettre ! Oh ! non, oh ! non. Et pas plus que le marchand d’almanachs de Léopardi, je ne donnerais mon consentement : « Oh ! non ! monsieur, mais une autre, une toute neuve ! » Ah ! cœurs oxydés qui aspirez après la virginité d’une nouvelle frappe, vous y tomberez, au creuset ! Ah ! nous jouirons de la dévorante liquéfaction, patience : et nos molécules rentreront dans la matrice et d’autres monnaies de la divinité continueront, par l’espace, notre circulation brisée, — d’autres monnaies éternellement les mêmes !

Misères de la logique : ces trois mois de ma vie