Page:Gourmont - Sixtine, 1923.djvu/292

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sont dominés par une absurdité qui en détermina l’ordonnance, un jeu lunaire dans une vieille glace usée !

Sixtine, vous seriez bien aimable de me dire cette légende, maintenant que vous n’avez plus à réserver le charme des mystères, celle-ci et l’autre, vous savez bien celle du poison ! — Ah ! dire que je ne les saurai jamais, — non plus que la couleur de vos yeux quand ils se rouvrent à la lumière matinale !

Quand je rentrai chez moi, « dans ma chambre agrandie », c’était fini, vous me possédiez. Mais sachez que cela ne fut pas sans luttes intérieures et que bien des connaissances, déjà anciennes, se partageaient un cœur large et profond. Ainsi tenez, vers ces époques, Mme du Boys n’était pas sans attraits pour moi, en sa naïveté si ingénuement perverse, — et si vous n’étiez pas venue, j’aurais peut-être fait avec elle un second petit voyage en Suisse. Ah ! mais vous l’avez singée ! Sixtine, votre dignité a consenti à un subreptice envolement ? Envoyez-moi par la poste un bouquet de violettes !… Moi, je vous aurais appris le jeu des transcendantes plaisanteries, et cela vous eût fait du bien. Vous êtes trop sérieuse, vous accomplissez vraiment trop ! Vous prenez l’accident pour la destinée ; ce n’est qu’un fragment. Secouez donc la poussière d’éternité que l’illusion a semée sur vos ailes ! Avez-vous seulement pris un billet aller et retour ? C’est économique et cela donne de la valeur au paysage, car, sans cette précaution, on ne penserait jamais à le regarder : « — Nous avons bien le temps ! »