Page:Gourmont - Sixtine, 1923.djvu/72

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

fait puérile, et d’assez malsaine curiosité, une plus lointaine recherche ; cependant, l’accord des tons est loin d’être toujours parfait, il faudrait en tenir compte. Avouez aussi, madame, que si ce n’est pas là le palais de Psyché et son habituel logis, c’est du moins sa maison de campagne.

— « Allons fit Sixtine, en riant de bon cœur, je vous pardonne pour ce dernier mot, mais ne recommencez pas.

— « Mais c’est vous…

— « Moi, ce n’est pas la même chose. D’abord je n’ai pas insisté. Chut ! vous me gâteriez tous les vers où se déroulent des chevelures et celle de Bérénice même me deviendrait suspecte. Vous m’avez vue « sous la lune éphémère », je voudrais bien savoir à quel moment, par exemple ?

— « Vue, oui. J’ai de particulières facultés de vision et maintes fois je vous appelai près de moi par des magies. L’objet auquel je pense très fortement s’incorpore devant mes yeux en une forme visible, et à mes sens tactiles en une palpable matérialité, quelquefois. J’ai senti des présences de personnes certainement bien loin de moi, selon le commun jugement, et cela ne m’étonne point, car la sensation régulière n’est qu’une hallucination vraie. Vraie ou fausse, pour moi, cela est bien indifférent, je ne m’en inquiète guère.

— « Alors, toutes les femmes sont à votre merci ? Si une femme aimée de vous, se dérobait à vos prières, l’imagination vous… vous… suffirait.

— « Non, le stupre, c’en serait un, est le plus vil